Résumé
Aiden Pearce, dit le Renard ou le Justicier, est un hacker sans attaches qui n’hésite pas à sanctionner les commanditaires de ses missions si ceux-ci cachent des trafics peu reluisants. Il ne s’attendait pas à être vendu par Jordi Chin, un de ses informateurs et fournisseurs… à rien de moins qu’une agente du gouvernement ! Obligé de céder à son chantage, épaulé par Jordi Chin à qui il ne confierait même pas sa casquette, le voilà obligé de partir à la recherche d’une arme transhumaniste volée par des anti-gouvernementaux violents et suprémacistes blancs. Au rythme de courses-poursuites effrénées et de découvertes peu savoureuses, Aiden Pearce dévoile peu à peu les pans d’un complot qui le mènera jusqu’à la Maison Blanche !
Mon avis
J’ai acheté cet ouvrage pour mon petit frère sans faire attention à la mention Watch Dogs. Non, à vrai dire, celle-ci était tellement immense que je pensais que c’était le titre du livre et Une Bannière sans étoile un sous-titre. Ce n’est que plus tard que j’ai appris qu’il s’agissait d’une licence de jeu vidéo. Oui, je ne suis pas une gameuse. Pour ce sujet, adressez-vous à May !
J’ai donc hésité à faire une critique en considérant le roman seulement pour ses qualités littéraires et scénaristiques. Mais après m’être un peu renseignée sur le jeu vidéo… Quelques petites choses se sont expliquées quand même ! Une certaine capacité à changer en permanence de voiture, par exemple… et à chaque nouvelle voiture, une nouvelle course-poursuite… J’écrirai donc en prenant en compte le fait qu’il s’agit d’un jeu vidéo à la base, jeu que je ne connais pas et sur lequel je n’ai donc pas le moindre avis.
Une Bannière sans étoile est une bonne lecture. Sans plus. Juste un moment agréable, une lecture facile avec quelques frissons et une bonne montée de la tension vers la fin. Sans compter les deux fautes d’orthographe que l’éditeur a malheureusement laissé passer, je lui reproche quelques problèmes scénaristiques qui rendent l’histoire un peu bancale.
Le plus important est que je n’ai jamais compris pourquoi le gouvernement laisse un hacker (dont la réputation n’est certes plus à faire, mais un hacker quand même) seul pour démanteler tout un groupuscule politique xénophobe qui leur a volé une technologie transhumaniste pouvant faire des miracles comme des ravages. Si ce n’est pour son acolyte qui sert surtout à lui fournir voitures et armes, Aiden se retrouve face à une bande très organisée sans aucun soutien, son contact gouvernemental n’ayant qu’une seule phrase à la bouche : récupérer toute la technologie. Comme celle-ci se retrouve désormais dans le corps de dizaines et de dizaines de personnes, la tâche semble totalement improbable et l’excuse de devoir être discret ne fonctionne pas vraiment.
Un autre exemple, moins important : Aiden a cinquante ans et, comme si vous ne l’aviez pas compris, est un hacker. Je ne dis pas que les hacker de cinquante ans n’existent pas mais que, quand on passe le plus clair de son temps devant un ordinateur (en l’occurrence, l’action est située dans un futur assez proche donc nous sommes plus sur des interfaces virtuelles), le physique ne suit plus trop et les mouvements brusques et répétés ne sont pas appréciés par le corps. Aiden passe son temps à se plaindre que son corps n’est plus comme avant mais, dans l’action, j’ai l’impression qu’il a trente ans et pas cinquante ! N’allez pas me dire que faire du sport aide, les chocs tels qu’Aiden les vit devraient laisser beaucoup plus de traces. Et il est hacker, bon sang ! Pas garde du corps. L’insistance avec laquelle il se plaint de son âge entre en contradiction avec la facilité avec laquelle son corps lui répond. D’ailleurs, au vu de son âge, on pourrait penser qu’il évite les risques, il se vante d’ailleurs d’être prudent… Eh non, Aiden est tête brûlée ! Je pense à une course-poursuite en voiture lancée sur un coup de tête qui n’ajoute absolument rien à l’histoire si ce n’est faire des pages en plus et décrédibiliser le personnage principal. Licence oblige, me diront certains. Je peux comprendre cela.
Personnage principal que, au demeurant, j’aime bien. Les personnages sont assez peu nombreux (une dizaine maximum) et ont tous une personnalité bien cadrée qui est maintenue tout au long du livre. Leurs relations sont assez superficielles, mais ils ont suffisamment de profondeur pour être crédibles. Ils ont tous un côté noir plus ou moins expliqué, certaines choses restant dans l’ombre jusqu’au bout. Le passé d’Aiden n’est jamais découvert par exemple même s’il y est fait de nombreuses fois référence. On assiste à une évolution de certains personnages qui est intéressante. Petit point : j’ai aimé le sarcasme avec lequel Aiden et Jordi se parlent sans cesse ! Cela rythme bien les dialogues.
Au sujet du hacking et du transhumanisme : s’ils sont deux points clés du roman, ils ne sont pas plus détaillés que cela. On observe les prouesses d’Aiden sans comprendre comment il fait. Cela passe si l’on considère que l’on est dans un futur proche (oreillettes connectées, claviers virtuels et interfaces que l’on peut privatiser comme rendre publiques…) et donc que nous ne connaissons rien à la technologie utilisée. Il en va de même pour les objets que Aiden est prié de retrouver, liés au transhumanisme, dont les capacités impressionnantes répondent à la seule explication scientifique qu’ils sont créés par un petit génie de l’informatique. Cela ne m’a pas plus dérangée que cela de ne pas avoir plus d’information, le cœur étant ailleurs.
Le thème principal du roman - le combat, dirais-je même - est le racisme. Nous sommes aux Etats-Unis, et les voleurs de technologie souhaitent “rendre le pays à ceux qui le méritent”, pour faire court. Le message en fond de cet ouvrage s’inscrit totalement dans la lignée de Black Lives Matter et est, mine de rien, assez profond, mettant parfois Aiden directement en face de ses privilèges liés à sa couleur de peau lors de discussions. Sa position anti-raciste marquée ne l’empêche pas de prendre conscience de certaines choses qu’il n’avait jamais réalisées auparavant. Cette lutte pour empêcher les suprémacistes de prendre le pouvoir par tous les moyens délivre quelques pistes de réflexion qui ne sont pas à négliger.
Conclusion
On a affaire ici à un melting pot assez détonnant entre éléments futuristes proches, actions palpitantes entre fusillades et voitures lancées à toute allure, xénophobie et réflexions sur l’humanité. C’était une lecture facile peu exigeante à l'instar du visionnage d'un film d’action. La tension qui monte vers la fin était intéressante, je me demandais vraiment comment tout allait se résoudre. Cela fut finalement avec une pointe de déception, l’auteur ayant souvent choisi la facilité. J’ignore ce qu’en pensent les fans ou les détracteurs du jeu vidéo, mais je suis plutôt satisfaite de ma lecture qui a parfaitement accompagné deux trajets en train.
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