Replis de Emmanuel Quentin
Ce livre mêle science-fiction, roman d’anticipation et dystopie avec une touche d’apocalypse. Oui, ça fait beaucoup de choses et pourtant il s’agit d’un roman assez court au rythme effréné. Notre protagoniste s’appelle Daniel Sagnes et a tout de l’anti-héro. Blasé, hypocrite, égoïste, ce dernier n’inspire ni confiance ni sympathie. Le monde est dans un sale état. Les Terres brûlantes se répandent et détruisent tout, l’espace habitable s’amoindrit et la solidarité entre humains se fait rare quand le capitalisme continue sa grande œuvre destructrice.
Daniel Sagnes est un monteur vidéo brillant qui travaille pour le gouvernement français. Il est chargé de manipuler la vérité selon les consignes reçues. Pas un seul instant il ne remet en question son rôle immoral tant qu’il peut bénéficier de tous les avantages liés (argent, logement loin des Terres brûlantes, un accès à ce qui se passe réellement dans le monde). Bref, Daniel Sagnes est un personnage assez monstrueux qui va se prendre le karma en pleine figure. Dans ce futur sombre, des scientifiques ont trouvé le moyen de transférer la conscience d’un parent dans celle de son enfant. Le gouvernement choisit soigneusement les membres de la population qui possèdent des connaissances jugées “utiles” : des ingénieurs, des médecins, des architectes, des membres de la haute société, etc. Tout ceci dans le but de conserver le savoir. Il s’agit d’une procédure invasive qui peut entraîner l’anéantissement de la conscience d’un des deux. Et voilà que notre Daniel “je-m’en-foutiste” reçoit l’annonce que la conscience de son père doit être transférée en lui. Le problème ? Il sait très bien ce que cela implique et il voue une haine sans borne à son géniteur. Alors il fuit et, ce faisant, découvre l’ampleur de la supercherie… mais pas avant d’être impliqué avec plusieurs personnages assez intéressants dont je ne parlerai pas pour ne pas gâcher la surprise.
Ce fut une très bonne lecture, prenante, divertissante, parfois même assez choquante (violence) mais ce que j’ai préféré, c’est la chute. La fin de ce roman n’est pas un dénouement mais plutôt une sorte d’apothéose fort rafraîchissante !
Chiens de guerre de Adrian Tchaikovsky
Ce roman choral de science-fiction suit principalement le point de vue de Rex, un chien de guerre biomorphe dans ses missions secrètes pour Redmark dans le Campeche. Il est accompagné de ses acolytes biomorphes Miel, Dragon et Abeilles. Rex et sa meute multiformes obéissent au Maître, quoiqu’il arrive. Leur système de hiérarchie fonctionne ainsi et les ordres ne sont jamais remis en question. Toutefois les agissements du Maître sont-ils justifiés ? L’arrivée d’une femme va tout changer et Rex va découvrir le libre-arbitre. Mais à quel prix ? Le monde est terrorisé par les biomorphes. Pourtant leur potentiel dépasse de loin les fonctions militaires implantées par les entreprises telle que Redmark. Mais l’opinion publique peut-elle changer à leur égard ?
Ce roman aborde et dénonce de nombreux phénomènes de société. J’ai trouvé le roman bien rythmé entre scènes d’action et scènes plus chargées en émotion. La multiplicité de points de vue permet une vision globale de ce monde futuriste et si semblable au nôtre. On s’attache petit à petit aux biomorphes et on leur souhaite d’obtenir des droits, de se libérer de leurs chaînes. J’ai trouvé ce roman ingénieux, complexe et abouti. Sans qu’il s’agisse d’un coup de cœur, je recommande chaudement ce livre et cet auteur de façon générale !
commentaires