Sorti en 2010, ce livre est un “bestseller récompensé par plusieurs prix littéraires dont le prix des Incorruptibles, le prix Saint-Exupéry et le prix littéraire européen”. Ce ne sont pas de petits prix littéraires !

Mais pourquoi diable moi, grosse lectrice, au lycée en 2011, n’en avait jamais entendu parler ? Peut-être parce que je ne fréquentais pas les librairies (trop chères) et que mes sources de lecture étaient la bibliothèque (les nouveautés mettent du temps à arriver) et le CDI (nous étions officiellement trop vieux pour cette série).

Bref. Récemment, j’ai fait quelque chose que je n’avais pas fait depuis des années : je me suis inscrite à la bibliothèque : BD, romans gratuits quasi à volonté et, en prime, 4 films par mois sur la plateforme numérique ! Si, si ! Presque mieux que Netflix.

Ma bibliothèque de quartier n’est pas très grande… Il y avait peu de choix et j’ai été un peu (beaucoup) déçue. Mais je ne pouvais pas partir les mains vides et j’ai pris cet ouvrage, un peu au hasard… La prochaine fois, j’irai à la bibliothèque du centre-ville.

Ce n’est qu’après que j’ai réalisé que ma petite bibliothèque de quartier m’avait permis de faire une jolie découverte !

Résumé

Raphaël et Raphaëlle sont jumeaux. A 11 ans, ils vivent avec leur parrain journaliste, Tristan, et font de leur mieux à l’école, comme tous les enfants de leur âge. Mais leur parrain n’est pas que journaliste. Il est en fait un Chevalier de l’Insolite, membre d’une confrérie secrète basée au Louvre qui combat les actions de l’Insolite (évènements paranormaux, créatures fantastiques, passagers de portails depuis des mondes parallèles...) pour éviter que les personnes normales ne découvrent leur existence ! Et il parraine les jumeaux pour qu’ils entrent, à leur tour, s’ils le veulent, dans la Confrérie. Commence alors une initiation au pouvoir du Strom qui leur permet d’interagir avec l’insolite et même d’en utiliser certaines capacités, comme la télépathie ou la lévitation. En parallèle, un mystérieux ordinateur, du dernier modèle, est retrouvé au plus profond d’une tombe intouchée depuis l’Egypte Antique. Voilà un phénomène insolite s’il en est ! Tristan est chargé de découvrir ce qui s’est passé. Et quand cet ordinateur est volé par un mystérieux collectionneur, la première enquête des jumeaux, bien décidés à aider leur parrain, semble toute trouvée !

Mon avis

Ce roman est très chouette pour la tranche d’âge à laquelle il s’adresse mais néanmoins à prendre avec quelques pincettes, car il a plus de dix ans !

Donc ! Je ferme tout de suite la porte aux remontrances : oui, les montres roses pour les filles, bleues pour les garçons, ce n’est pas normal. Oui, l’amie de Raphaëlle, Suzanne, pauvre fashion victim ne jurant que par la mode et les stars, est d’un stéréotype affligeant. Pour le premier point, remettons l’ouvrage dans son époque et passons par-dessus ce détail qui ne fait qu’une ligne et n’enlève rien au récit. Idem pour les autres points qui pourraient choquer aujourd’hui un esprit averti. Les auteurs n’y auraient probablement pas recours s’ils écrivaient l’histoire maintenant. Et une réédition retirerait probablement ces passages. D’ailleurs, peut-être a-t-elle déjà eu lieu, mon exemplaire date de 2011.

Pour le deuxième point… J’y vois personnellement une critique de la société et du façonnage des petites filles qui est toujours aussi vrai aujourd’hui. Voire empiré avec l’emprise des réseaux sociaux. Le personnage de Suzanne est caricatural et présenté comme ridicule afin de décourager les jeunes de suivre son exemple, ce qui est plutôt un bon point.

Quant à appeler des jumeaux Raphaël et Raphaëlle… ce n’était sans doute pas la meilleure idée du monde, mais leur prénom ne change pas le cours de l’histoire. Voilà pour les remontrances.

On s’attache vite aux jumeaux qui ont tous les deux leur personnalité et doivent lutter de manière différente face à l’exclusion au collège : harcèlement gratuit pour Raphaël, indifférence aux centres d’intérêts communs aux autres filles pour Raphaëlle (qui s’en sort tout de même un peu mieux). Les amitiés au collège ou à la Confrérie se font, se défont, se refont, comme dans la vraie vie. Leurs caractères sont bien définis au début du roman (qui, je le rappelle, est un tome 1), et connaissent une évolution fulgurante pour Raphaël, un peu moins visible pour sa jumelle. Ils ont chacun leurs qualités et, bien sûr, leurs défauts. Raphaëlle, par exemple, est particulièrement douée avec les pouvoirs du Strom, mais aucune énigme ne résiste à son jumeau.

Tous les personnages ont leurs caractéristiques, avec de nombreux détails tournés en dérision comme les nœuds papillons colorés de Tristan, qu’il change au 31 décembre pour des cravates l’année suivante. Ou ce professeur assimilé à un insecte à chacun de ses mouvements. De manière générale, le roman est bourré de traits d’humour, qui peuvent parfois tomber à plat mais qui font souvent sourire. Tout peut sembler un peu exagéré, mais cela fait partie du style des auteurs et cela ne m’a absolument pas dérangée, au contraire !

Découvrir le monde de l’Insolite est passionnant. Les auteurs ont travaillé le bestiaire, le contexte, les formules. On reste en surface dans ce premier tome car la formation commence tout juste, mais cela donne l’eau à la bouche pour la suite.

Quant à l’enquête en tant que telle, cela pèche un peu… tout en restant très sympa (il faut garder en tête que ce roman est pour les 10-13 ans). Nous sommes sur un tome 1 et le monde prend un peu de temps à se mettre en place. Les explications sur le Strom et les Chevaliers de l’Insolite peuvent être un peu lourdes (tout en restant intéressantes et nécessaires). La formation des jumeaux prend beaucoup de place. Arrivée à un certain point, je me suis demandée si l’enquête n’allait pas être résolue dans le tome 2… Eh non ! Elle est bouclée en quelques pages à la toute fin, mais ce n’est pas pour autant qu’elle est mal écrite. Au contraire, il s’agit d’un des moments les plus forts de tout le roman. En tant qu’adultes, la conclusion prête à sourire, mais je suis sûre que les jeunes sont passionnés et enchantés. 

Néanmoins, les énigmes patiemment dissimulées font travailler les méninges de ceux qui veulent trouver tandis que les paresseux ont la chance de pouvoir passer directement à la solution. Les événements se succèdent à un bon rythme, avec des surprises inattendues auxquelles je n’aurais pas pensées, et tout devient clair à la fin.

En conclusion 

Et l’ordinateur du passé, dans tout ça ? Comment s’est-il retrouvé là ? Allez-vous me demander. Eh bien je vous laisse, je retourne à ma bibliothèque de quartier emprunter le tome 2… J’en saurais plus une fois lu, mais les pistes laissées à la fin sont prometteuses !

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