Une Heure Lumière #3

19/9/2021
Fantastique
Couvertures : Aurélien Police

Toutes les saveurs

Idaho City, XIXe siècle. Époque de tous les possibles aux Etats-Unis qui est un pays jeune. L’immigration bat son plein et chacun court après l’American Dream et le pursuit of happiness. Ce melting-pot donne lieu cependant au choc des cultures, au racisme mais aussi à l’assimilation d’éléments culturels divers, à l’amitié et au vivre ensemble.

Cette courte nouvelle de Ken Liu aborde plus particulièrement l’immigration chinoise et utilise la cuisine (et donc les saveurs) comme symbole d’appartenance culturelle et ethnique. Les Chinois ne jouissaient pas des mêmes droits que les immigrants blancs d’origine européenne. La barrière de la langue, le fossé culturel important et l'apparence physique font d’eux des victimes de nombreuses injustices.

Dans cette petite ville, la jeune Lily (blanche) vit avec ses parents et fait la connaissance des mineurs chinois installés près de chez eux temporairement pour faire leur travail. Sans surprise, tous les habitants ne perçoivent pas leur venue comme une bonne chose. Leur main-d'œuvre peu chère est mal vue par les autres travailleurs qui voient cela comme du vol et de la concurrence déloyale.

Le lecteur suit donc une famille et un groupe de chinois immigrés dans leur quotidien. Lily se lie d’amitié avec Lao Guan, un Chinois à la carrure impressionnante qui lui conte les aventures du dieu de la guerre, Guan Yu. Le mythe de ce dernier est plein d’enseignements pour la jeune fille qui découvre l’aspect à la fois fantastique et effrayant de la culture chinoise. Cette petite fresque historique soulève la question de comment conserver ses racines, ne pas trahir ses origines, tout en s'intégrant.

J’ai apprécié ma lecture mais comparé aux autres textes de Ken Liu, je dirais que c’est celui que je préfère le moins.

Ormeshadow

Une autre fresque historique et familiale qui évoque davantage les classes sociales que le racisme. Nous sommes à l’ère Victorienne. L’Angleterre coloniale rayonne dans le monde entier par sa puissance. Mais cette fortune ne touche pas tout le monde. John Belman perd son travail dans la ville de Bath et se trouve contraint de retourner vivre à la ferme d’Ormesleep dont il a hérité avec son frère, accompagné de sa femme Claire et de son fils, Gideon. Studieux et passionné de lecture, ce dernier se voit obligé d’aider à la ferme et apprend la rudesse du labeur. Son oncle, figure patriarcale stricte par excellence, malmène la maisonnée et arbore des sentiments de rancœur envers son frère et son neveu. Les seuls moments paisibles dans la vie de Gideon, il les passe avec son père qui lui raconte la légende de l’Orme, la dragonne qui se serait endormie sous leurs pieds, sous le village d’Ormesleep qui tire son nom de ce mythe. 

Le drame familial qui se déroule n’est malheureusement que trop prévisible. A peine avais-je commencé la nouvelle que j’en connaissais déjà le déroulement, du moins sur cet aspect de l’histoire. On se croirait dans un roman de Zola ou de Hugo pour être honnête. Gideon est une sorte de Cosette au masculin et l’aspect fantastique du texte est trop en retrait, ce qui est dommage. En revanche, Ormeshadow est très bien écrit. J’ai été tout de suite investie dans l’histoire et le destin tragique de Gideon. Malgré certaines évidences, la fin m’a prise au dépourvu. Dans l’ensemble, c’était une excellente lecture !

Helstrid

La Planète Helstrid est inhabitable par l’Homme mais, tout en faisant ce constat, les explorateurs découvrent un minerai précieux, le sang des Dieux, aux propriétés rajeunissantes selon les rumeurs. La Compagnie, société privée richissime, crée alors la station Namà afin d’exploiter ce minerai mystérieux. Vingt-cinq personnes habitent la station, ce qui implique qu’elles ont toutes abandonné leur vie sur Terre pour X raison et ne reverront sûrement pas leurs proches, le temps s’écoulant différemment sur Helstrid et la Terre. 

Parmi ces 25 personnes, nous suivons Vic, un homme que je qualifierais de dépressif, qui embarque dans un convoi de trois camions avec pour seule compagnie les IA qui les conduisent. Malheureusement, une tempête se dirige vers eux et l’IA nommée Anne-Marie va prendre le contrôle de l’itinéraire pour les sauver… ou les tuer. Vic ne sait que penser.

Bon, il s’agit de ma première déception car j’avais jusqu’ici adoré tous les livres de cette collection, mais il fallait bien que ça arrive un jour ! Le début est un peu trop lent à mon goût vu la longueur de la nouvelle. Les enjeux se mettent en place petit à petit, la pression monte et j’ai trouvé que l’auteur avait bien su gérer le suspense. On s’interroge jusqu’au bout sur les intentions de l’IA ! En revanche, ce qui n’a pas fonctionné à mon sens, c’est le personnage principal qui n’a pas grand-chose pour lui. Une touche d’humour aurait été appréciée, je pense, ou alors un passé plus tumultueux. 

May

J'ai découvert la littérature de l'imaginaire enfant en lisant des mangas (Full Metal Alchemist, Claymore, Fruit Basket, Naruto, etc.) qui me permettaient de m’évader. Puis une camarade de classe m'a un jour prêté la trilogie du Dernier souffle de Fiona MacIntoch. Ça a été la révélation ! Depuis je suis avide de lectures de l'imaginaire et plus particulièrement de fantasy qui constitue l'essentiel de ma PAL.

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