Les princes d’Ambre - Cycle de Corwin - Roger Zelazny

20/10/2024
Fantasy

Résumé

Carl Corey se réveille dans un hôpital psychiatrique, complètement amnésique. La seule chose dont il se souvient : il ne devrait pas être ici. A force de coups de bluffs, il réussit à sortir de l’hôpital et à rejoindre une jeune femme qu’il pense être sa soeur, Evelyn, à New York. Il découvre alors qu’il s’appelle en fait Corwin et, elle, Flora. Alors qu’il tente de lui soutirer un maximum d’informations sans laisser paraître son amnésie, ils sont rejoints par Random, un de ses frères, poursuivi par de mystérieuses créatures. Corwin découvre qu’il a une force surnaturelle, un sens du combat aigu et cela conforte ce que lui a révélé Flora : il est un prince d’Ambre, un des prétendants au trône du seul monde réel, tous les autres mondes, y compris la Terre, n’étant que des ombres de celui-ci. 

Décidé à récupérer sa mémoire et à faire valoir ses droits au trône, Corwin s’embarque avec Random dans une traversée des mondes où il découvre rapidement qu’il ne pourra faire confiance à personne, et surtout pas à sa propre famille. Son frère Eric, actuellement régent d’Ambre en l’absence de leur père Obéron, cherche à l’assassiner. Il décide donc de dévoiler son amnésie à Random et celui-ci accepte de l’aider à accéder à la Marelle, la traverser étant le seul moyen certain de lever son amnésie.

Mon avis

Nous sommes ici sur une vieille série fantasy, avant l’explosion du genre. Elle ne date que de 15 ans après le Seigneur des Anneaux et ne ressemble à rien de tout ce que j’avais pu lire jusqu’ici. 

Ambre est le seul monde réel, qui culmine au-dessus de tous les autres mondes. Chaque autre monde est seulement une ombre d’Ambre. Il en existe une infinité et, plus on s’éloigne d’elle, plus les différences s'accroissent. Il y a donc une infinité de “fausses Ambres”, mais il y aurait également une infinité de Terres ou d’Avalon différentes. La royauté d’Ambre a la possibilité de voyager entre les ombres à sa guise, en modifiant des éléments du paysage par sa volonté : changer la couleur du ciel, supprimer un élément de décor, etc… Plus ils s’éloignent d’Ambre, plus l’exercice est difficile et, tout au bout, se trouve les cours du Chaos, un endroit où Ambre ne peut plus influer et tous les repères sont brouillés.

Dans leurs voyages à travers les ombres, les membres de la royauté peuvent garder contact grâce aux Atouts. Ce sont des cartes à leur effigie créées par le génial et fou Dworkin, qui leur permettent, non seulement de discuter par la pensée en touchant simplement l’Atout de leur correspondant, mais également de le “tirer” jusqu’à soi, une sorte de téléportation assistée. Il faut bien sûr que l’autre soit disponible et, plus ils sont loin d’Ambre, plus la connexion est difficile. Ces Atouts jouent un rôle primordial dans tout le cycle. Un prince sans jeu d’Atout est désavantagé dans la lutte pour le trône. J’ai trouvé ce concept épatant.

On suit donc Corwin, personnage sûr de lui, hautain et cynique, dont l’attachement réel à sa famille nombreuse n’a d’égal que sa méfiance envers elle, dans sa quête pour le trône. Dans ses victoires et ses défaites, il ne se sépare jamais de son arrogance, sûr d’être dans son bon droit. Il évolue, tout au long de ces cinq tomes, sa mentalité change, à défaut de son comportement et de ses valeurs. Il apprend à mieux se connaître et à comprendre ce qu’il désire réellement, ce qui le fait changer de but en cours de route, mais ne le rend pas forcément plus agréable à côtoyer. J’ai tout de même fini par m’attacher à lui, car il ne manque pour autant pas de côtés très humains. 

Corwin a huit frères et quatre sœurs, qui ont tous le même père, mais pas forcément la même mère. Je ne vais donc pas tous les présenter, mais ils ont tous leurs caractères, et leurs prétentions au trône d’Ambre varient. Certains n’en veulent pas alors que d’autres le veulent à tout prix. Ce sont des histoires de retrait, d’alliances conclues et brisées. Il y a des levées d’armées, des combats épiques, des emprisonnements, des retraites, des morts… Et la découverte d’un nouvel ennemi désirant la fin d’Ambre : les cours du Chaos.

Difficile de résumer ici cinq tomes de retournements de situation, où celui que l’on pensait être le grand méchant ne l’est en fait jamais. Le premier tome nous laisse sur des questions, dont les réponses sont données dans les suivants, petit à petit, la première réponse n’étant pas toujours la bonne. Il n’y a guère de manichéisme, tout est gris. Corwin, lui-même, ne peut être planté en héros dans le sens “représentant du bien” du terme. Il est égoïste et voit ses intérêts en premier, ceux de sa famille ensuite, ceux du royaume d’Ambre en troisième. L’auteur nous amène d’ennemis en ennemis, mais les vraies intentions sont cachées, les raisons des tentatives d’assassinat obscures quant on y regarde de près et, à part un personnage ayant réellement bon fond, ce qui le fait passer pour un simplet, il ne faut jamais être certain de ce qu’on lit. Le livre est rédigé à la première personne, épousant le point de vue de Corwin, qui voit, analyse, détermine, parfois à tort, se trompant et nous trompant.

Ce qui fait que, en terme strict d’histoire et d’événements, on ne s’ennuie pas du tout ! Il y a même une ou deux fois où je me suis dit que cela faisait un peu trop, mais tout prend naturellement sa place et s’explique au final.

En revanche, quand Corwin voyage entre les ombres (et il voyage souvent), qu’est-ce qu’on s’ennuie ! L’auteur dévoile les changements de paysage, les changements d’ambiance… C’est une toute autre atmosphère, avec beaucoup de points de suspension. Je pense (et c’est vraiment une spéculation de ma part), que c’était une manière de ne pas rendre le voyage immédiat, de marquer la complexité de l’exercice et le temps qui passe lors d’un voyage entre les ombres. J’avoue que je lisais en diagonale ces passages pour aller directement à la fin, ou au dialogue/à l’événement qui avait lieu au milieu du voyage, avant qu’il ne reprenne, quand ils étaient plusieurs.

C’est, pour moi, le gros point rébarbatif de cette série. Le second problème était la longueur du dernier tome, qui est un long voyage… et donc beaucoup de points de suspensions !

Sinon, les romans sont courts (environ 200 pages) et se lisent facilement, j’avais envie de connaître la fin, ou, plutôt, le fin mot de l’histoire.

En conclusion

J’ai beaucoup aimé découvrir et lire cette série. Mon scepticisme face à certains retournements de situation a toujours été mis au silence quand la réalité se dévoilait. Et si ce n'est pour le dernier tome un peu longuet, j’ai apprécié de suivre Corwin dans ses aventures. Je lirai peut-être, un jour, le cycle 2, sur le fils de Corwin, Merlin. 

Tine

Quand j’étais petite, je dévorais tous les livres qui me tombaient sous la main. J’ai découvert au collège la littérature de l’imaginaire et suis devenue accro. Mais en grandissant, je suis restée bloquée à la littérature jeunesse, que je consomme toujours avec un plaisir sans égal ! Je fais tout de même parfois quelques incursions dans le monde des adultes, mais j’aime proposer à mon entourage des ouvrages de littérature jeunesse qui, pour moi, dépassent les frontières des âges. Quand on aime, on ne compte pas (le nombre d’années) ! Pour ma part, j’ai lu la trilogie du Dernier souffle au lycée ! Un vrai régal !

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