Radéon - Franck Dive

28/8/2024
(Post-)Apocalypse

Résumé

Ayamaz est un pisteur Bédouin. Avec sa lionne, Saamba, avec qui il partage une symbiose parfaite, il s’enfonce régulièrement dans la forêt de l’entre-deux monde au climat apocalyptique pour chasser et nourrir sa tribu. Ses compétences attirent la convoitise des Chabs, qui vivent dans un monde de technologie, de l’autre côté de la forêt, du côté de la nuit éternelle. En effet, suite à un cataclysme, la Terre s’est arrêtée de tourner et est désormais partagée entre les Bédouins, qui vivent dans le jour et sans technologie et les Chabs, qui survivent dans la nuit grâce à un minerai, le radéon. Pour éviter d’être enlevé par les Chabs, Amayaz tue l’un d’entre eux, puis s’enfonce dans la forêt. La traque ne fait que commencer et elle mènera Amayaz, non seulement au plus profond de la forêt de l’entre-deux monde, mais également sur les traces de son père assassiné par les Chabs il y a des années…

Mon avis

J’ai eu un quasi coup de cœur pour ce roman assez épais mais qui a l’avantage, pour une fois, d’être un one shot. J’ai été tout d’abord attirée par la couverture, que j’ai trouvée très réussie bien qu’assez mystérieuse, puis le résumé m’a convaincue de le prendre. Sans regret ! Attention néanmoins, il s’agit clairement d’un livre adolescent. Amateur d’explications techniques et scientifiques, voire mystiques pour la symbiose, passez votre chemin !

En effet, l’auteur n’explique pas le cataclysme qui a poussé la Terre à s’arrêter. On part de ce constat géologique et on se concentre uniquement sur les aventures d’Amayaz qui n’ont rien à voir et ne visent pas à faire repartir le Terre. Pas d’explication non plus sur la symbiose, son origine et son rôle. Le récit est concentré sur l’action. Une fois ceci compris et accepté, je n’ai pas ressenti le besoin d’en savoir plus.

On suit Amayaz dans ses différentes péripéties dans les trois univers du livre : le désert sous le soleil permanent des Bédouins, la forêt d’entre-deux mondes au climat imprévisible et aux monstres redoutables, et la cité de Vendhiver sous la nuit éternelle des Chabs. Amayaz fait des allers-retours entre les trois, à l’aise dans le monde de son enfance, fin connaisseur de la forêt, mais explorateur de Vendhiver et de son climat glacial inconnu pour lui. Les paysages, la faune, la flore, mais aussi la technologie et les cultures des deux peuples sont très bien décrits et nous plongeons dans cet univers à la fois familier et pourtant totalement nouveau.

Nous avons donc d’un côté les Bédouins, peuple spirituel qui vit sans technologie, proche de la nature et capable, pour certains seulement, d’une symbiose avec un animal. Cette relation est exclusive et leur permet de savoir où ils sont, de comprendre les sentiments de l’animal, mais aussi d’en ressentir les douleurs physiques. Ils sont enfermés dans leurs traditions et leurs croyances, préférant mettre un tyran sur le trône plutôt que d’y déroger. De l’autre côté, les Chabs, au contraire, survivent grâce à une technologie poussée mêlée à un transhumanisme électif et une distribution des richesses inégale. Cela m’a fait penser à une dystopie dont le héros destiné à la briser viendrait de l’extérieur. Les Chabs transhumanistes passant pour les méchants, on comprend vite que l’auteur cherche à dénoncer la technologie, quand elle ne sert plus les intérêts communs, mais une poignée de richissimes au pouvoir. Heureusement, des touches d’humanité et de bon sens subsistent ça et là.

Aucun des deux peuples n’est parfait, chacun ayant ses problèmes, que ce soit pour sa survie que pour la manière dont leur société est construite et dirigée.

Amayaz est un adolescent touchant et très humain.  L’auteur lui en fait baver tout au long du récit, ce qui le rend attachant. Sa symbiose avec sa lionne lui permet de se dépasser quand elle lui est enlevée. Son courage et ses connaissances en matière de survie impressionnent pour son âge. Mais heureusement, l’auteur l’a quand même agrémenté de quelques défauts. Il est, entre autres, têtu et impulsif.

Tout au long du roman, le lecteur fait la connaissance des membres de la tribu d’Amayaz qui à son tour rencontre des Chabs. Les personnages secondaires sont assez nombreux et tous bien campés; avec des gentils, des méchants et des gentils pas si gentils et des méchants en fait pas si méchants voire carrément gentils. Tous ces personnages étoffent parfaitement le récit, en permettant de donner plus de profondeur à l’intrigue et au constat de départ qui est simplement Amayaz chassé par les Chabs pour avoir refusé de les suivre et tué l’un d’entre eux. Parmi eux, une Chab a une importance particulière : Meï. Hautaine, sûre d’elle et de ses compétences, et pourtant prête à reconnaître ses limites et à apprendre, elle fait partie de l’équipe Chab chargée de convaincre Amayaz de les suivre, puis se retrouve intriquée avec lui de manière irréversible, au point qu’ils doivent aller chercher ensemble le radéon au plus profond de la forêt d’entre-deux mondes. J’ai aimé le fait qu’Amayaz et Meï travaillent ensemble, apprennent à se connaître sans qu’à aucun moment l’auteur ne fasse de lourdes allusions à une potentielle romance, même si on s’y attend. Tout est en filigrane jusqu’à leur décision finale, qui peut paraître un peu brusque.

Un petit point négatif néanmoins (il en faut quand même un), j’ai trouvé qu’il y avait quelques incohérences et facilités scénaristiques (comme un soldat en opération à l’extérieur de son véhicule, mais sans arme sous la main et donc facile à maîtriser). Elles n’enlèvent quasiment rien au récit qui se lit très bien malgré tout !

Conclusion

Une très belle découverte qui m’a plongée dans un univers original et m’a fait vibrer au rythme des sentiments et des dangers traversés par le héros. Si je croise d’autres livres de Franck Dive, je les prendrai sans hésiter !

Tine

Quand j’étais petite, je dévorais tous les livres qui me tombaient sous la main. J’ai découvert au collège la littérature de l’imaginaire et suis devenue accro. Mais en grandissant, je suis restée bloquée à la littérature jeunesse, que je consomme toujours avec un plaisir sans égal ! Je fais tout de même parfois quelques incursions dans le monde des adultes, mais j’aime proposer à mon entourage des ouvrages de littérature jeunesse qui, pour moi, dépassent les frontières des âges. Quand on aime, on ne compte pas (le nombre d’années) ! Pour ma part, j’ai lu la trilogie du Dernier souffle au lycée ! Un vrai régal !

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